Deuil quand vient le temps de se reconstruire

Deuil, quand vient le temps de se reconstruire

Aider les enfants en deuil - Résilience PSYHello la compagnie, j’espère que vous allez bien aujourd’hui. Un post bien particulier que je vous écris. 

Pour ceux qui nous suivent depuis un moment, le Papa Loulou des enfants nous a malheureusement quitté il y a maintenant 9 mois. 9 longs mois où nous devons gérer un tas d’émotions. Aujourd’hui, il n’est pas question de partage ou de conseils, mais juste un témoignage pour ceux qui traversent la même chose que nous aujourd’hui.

 

Entre l’imaginaire et la réalité

Comment parler du deuil à un enfant ? - Voix des patientsA partir d’un certain âge, les enfants s’interrogent sur la mort. La peur de perdre son être cher, continuer de vivre sans. Nous avons tous lu, écouté des podcasts/vidéos pour avoir les meilleurs conseils et surtout donner la meilleure des réponses possible. 

La réalité en est toute autre. 

Quand vous êtes vous-même confrontés à votre propre sentiment, il est difficile de savoir comment annoncer la mort du parent à votre enfant. C’est une question qui m’aura trotté dans la tête durant toute cette journée « qu’est ce que je vais dire aux enfants ce soir »? 

J’ai eu beaucoup de chance de ne pas avoir été seule ce jour là. Mes collègues étaient présentes, ont vu toute la scène, sont restées près de moi toute la journée, avec la police, les pompiers. Je revis cette journée chaque jour. 

Malheureusement, j’ai gardé encore « cette dernière image » de lui. Donc gérer cette émotion et annoncer aux enfants qu’elles ont perdu leur père, c’est un vrai tsunami émotionnel puisque l’on sait à ce moment précis, que nous allons briser leur petit cœur d’enfants de 10 et 2 ans.  

L’annonce

Le deuil chez l'enfantMon compagnon, en apprenant la nouvelle, a posé sa journée et nous a rejoint de la Sarthe pour nous épauler. Un vrai soutien, une bouffée d’air frais pour nous 3 de le voir, de se sentir protéger et écouter. Ils se connaissaient un peu tous les deux, d’ailleurs en y repensant, Papa Loulou nous avait même invité à boire un verre chez lui, mais je trouvais cela à l’époque un peu bizarre. J’aurai peut être du dire oui pour qu’ils se connaissent d’avantages.

Malgré le divorce, nous avons mis un point d’honneur sur notre confiance et notre amitié. C’était important pour nous deux, pour nos enfants, mais surtout pour ce que l’on avait partagé durant ces 15 ans. La place de chacun était donc déjà faite. Ce qui a aidé à traverser cette phase. 

Quand mon compagnon est arrivé, j’ai encore plus fondu en larmes. J’avais moi aussi ce trou dans le cœur. Me concernant, c’est très particulier, beaucoup de choses se sont mélangées, mais je n’en parlerais pas ici. Il était temps d’aller chercher les enfants au centre aéré et à la crèche. Je n’ai pas réussi à me préparer psychologiquement à l’annonce que j’allais faire, je n’y arrivais pas.

J’ai commencé par ma grande. J’étais fermée, gênée, absolument pas prête à lui dire, et surtout pas l’envie de voir qu’elle avait passé une super journée et que j’allais cassé tout ceci. Elle, du haut de ses 10 ans ! Elle qui adorait son papa Loulou, elle qui s’inquiétait également pour lui depuis 5 jours. A me voir, elle a compris que quelque chose clochait. 

Nous avons donc été nous promener près du centre, elle m’a posé la question « as tu eu des nouvelles de Papa? ». Je lui ai répondu que oui, mais qu’il n’allait pas bien du tout. Gros blanc, comment vais je pouvoir lui dire sans lui faire mal ? Un tuto, une connerie ? qui peut m’aider à sortir ces mots horribles ? Qui peut me souffler de nouveau une phrase magique sans lui faire de peine ou de mal !!!

Je lui explique que j’ai réussi à le trouver et que maintenant je sais pourquoi il ne pouvait pas nous répondre, à nos messages et appels. Il nous a quitté, il est parti. Il est monté au ciel (oui !! la phrase à ne pas dire que j’ai sorti comme une nouille!!!) mais que dire de plus !

Sa réaction a été surprenante, un rictus gêné car elle ne me croyait pas. Un gros blanc puis en me regardant dans les yeux, elle m’annonce « maman, il est mort ».

Oui. 

Voilà, c’est tout. Nul de chez nul, je l’ai prise dans mes bras, elle n’a pas pleuré. Elle est restée choquer, et n’a plus parler durant 3 jours. 

Pour ma petite dernière, c’était plus compliqué. Elle n’avait que 2 ans. Comment lui dire avec des mots simples? Il aura fallu durant plusieurs mois lui expliquer qu’on ne pourrait plus revoir papa. Difficile de l’accepter à ce âge là, car ok, il est mort mais je le revois quand moi ! En gros, c’est ça, c’est ce qu’ils comprennent car il est impossible de croire qu’un parent peut mourir, c’est trop abstrait. Il faut du concret, modéré à mon sens. 

Pour le sens, l’acceptation, la compréhension et le dernier au revoir, elles ont vu seulement le cercueil. A ce moment là, je trouvais cela suffisant, pour mieux les protéger, pour qu’elles souffrent moins. Elles ne sont pas venues à l’enterrement. 

Accepter, continuer et vivre sans

Un mélange de beaucoup d’émotions, de sentiments, de questions et surtout d’incompréhension. Comment accepter l’inacceptable ?

Au début, on est un peu comme shooté. On n’y croit pas, c’est encore notre imaginaire qui fait des siennes. Et plus le temps passe, plus l’imaginaire prend le dessus. La colère, la rage, la tristesse, l’envie de l’appeler, de le revoir, de se dire qu’on se reverra un jour, mais ne surtout pas accepter sa mort. C’est la fameuse phase de déni. 

9 mois. Nous avons donc tout quitté. C’était trop dur de rester là-bas, même si nos amis nous manquent énormément, que notre Bretagne nous manque énormément.

Après la mort d'un conjoint, comment vivre le deuil avec ses enfants ?La transition avec la Sarthe aura été assez dure. Nous qui étions habituées à autant d’effervescence, tout est calme ici, c’est la campagne. Un endroit paisible, comme un havre de paix. Vous vous levez le matin et vous voyez les chevreuils au pied de la clôture, vous entendez le pic-vert au loin, vous observez la buse qui guette et chasse, et surtout vous voyez votre chat se pointer dans le jardin avec une souris dans la gueule, fraichement chasser dans le champs derrière cette fameuse clôture, et la chienne volant cette fameuse souris au chat pour la finir… Je découvre mes animaux d’une autre façon dis donc!

Et vous, vous êtes là, à regarder la vie continuer ainsi, avec ce trop plein d’émotions, avec cette réalité qui tombe à la fin de chaque mois, avec ces obligations qui continuent toujours d’être présentes. 

180 CV envoyés et toujours pas de boulot, des séances chez le psy, le corps qui fait des trucs bizarre désormais et il n’y a plus de médecins ici car vrai désert médical, la peur de partir également car être le dernier parent est une sacrée responsabilité…

Une vie de couple à construire, avec beaux-enfants, chat et chien. Mon compagnon aura fait de belles choses dans ce brouillard, nous aide comme il le peut, avec ses connaissances mais aussi ses limites. Il n’y a pas de livres là-dessus, on ne nous apprend juste qu’à suivre son cœur. Et puis un mélange entre le qu’en dira-t-on, ce n’est pas très conventionnel, cela ne te concerne pas et blablabla… Oui, la limite des gens voyez-vous…

Quand la vie prend du sens

5 étapes du deuil : du choc à la reconstruction | inmemoriJ’ai pris l’habitude de dire à ma grande qu’il faut savoir rester humble face à la vie. La vie/la mort est un cycle éternel, c’est comme ça. Nous ne sommes pas éternels malheureusement. Il faut donc apprendre à vivre et découvrir le monde, la vie, à chaque instant, sans perdre de temps ou de querelles inutiles. Il y a bien d’autres choses à faire, bien plus bénéfiques et positives. Apprécier ceux qu’on aime, qui nous aiment, apprécier chaque moment, avant cette fameuse fin. 

Ce ne sont pas des sujets de conversations très joyeux, mais cela fait partie de l’éducation. Education que nous avons peu reçu à cet âge, car cela fait peur. Ma petite commence à accepter que nous ne le reverrons plus, sauf à travers les photos et les vidéos, au cimetière ou quand nous retournons chez leur mamie.

J’ai eu du mal au début, à cause des souvenirs et de la douleur émotionnelle, mais il est important voir même impératif de protéger ce lien familial précieux. Cela m’a demandé du temps pour le comprendre. Pour lui, pour elles, je dois continuer en son absence.

Comment gérer la disparition d'un parent ? | Vivre après

Ma grande a encore du mal. Hier soir, elle aura beaucoup pleuré. Son comportement a changé depuis ces derniers mois. Plus renfermée, sans ses repères, amis, absence de la famille également… Elle est vraiment focus sur ses études, mais a du mal au niveau relationnel car ce n’est pas la même mentalité que dans notre ancien chez-nous. Elle s’y habituera, mais cela lui demandera du temps. Je vois une petite fille par moment agressive, toujours triste, en manque de quelque chose d’extraordinaire qui lui fera ressentir autre chose que ce mal qui la ronge.

Ce n’est pas faute de lui faire découvrir des choses au travers de balades, surtout dans la nature pour mieux se ressourcer. Cela lui fait du bien sur le coup, mais dès que l’on rentre, elle se renferme. 

J’entendais dire que les enfants sont pleins de ressources, qu’ils se reconstruisent seuls dans ce genre de situation, que parfois, ils prennent le rôle du deuxième parent pour protéger le restant, pour ne pas l’accabler plus qu’il ne l’est. C’est exactement ça, et on ne le voit pas tout de suite. 

Pris dans cette spirale infernale, on pense bien faire les choses, mais on ne voit pas tout, à cause de ce brouillard qui cache la vue, les sentiments des autres..

Pour finir…

La phase de deuil est extrêmement longue, pour les adultes comme pour les enfants. Je ne peux que vous dire d’être entouré, le mieux possible, par vos amis, votre famille, de ne pas hésiter à demander de l’aide quand ça ne va pas, mais surtout, de prendre soin de vous. 

C’est la problématique du parent solo, endeuillé. On surprotège nos enfants pour ne plus qu’ils souffrent d’avantage. L’aider sera de se soigner, d’accepter, d’avancer. D’accepter l’inacceptable en toute bienveillance. La vie continue, le soleil se lève et se couche, rien ne s’arrête, alors continuons avec ces souvenirs plein la tête, et de nouveaux que nous sommes en train de créer. 

La mort d'un ami proche : un deuil à mieux prendre en compte - Happy End

Des aides ? Déjà en parler entre vous, garder toujours la communication ouverte, malgré ce trop plein d’émotions. On a le droit d’être triste et de ne pas aller bien, se laisser le temps. Le temps de pleurer, de crier, de n’avoir envie de rien. On a également le droit d’avancer, de continuer. Discuter, pas de sujet tabou autour du parent disparu. Il existe l’association EMPREINTES ASSO, qui pourra vous guider et vous accompagner. 

Si vous avez vécu ce genre de situation, n’hésitez pas à nous faire part de votre retour. Je serais ravie de savoir comment vous avez fait pour vous en sortir, vous et vos enfants.

Pour nous, nous continuons tant bien que mal à avancer. Se reconstruire, mais surtout vivre.

Vivre.

Bonjour à tous et bienvenue sur le blog de la Popotamfamily. Maman bretonne de 2 chipies, expatriées en Sarthe, ici on aime, teste et partage. A très vite sur le blog